Comment le CESSAN prépare depuis 30 ans ceux qui vous secourent en mer


Depuis trente ans, le CESSAN forme les équipages à affronter les pires scénarios en mer. Entre simulateurs de nuit, cabines immergées et exercices en conditions extrêmes, cette structure unique en France affine les réflexes vitaux des personnels navigants.

Inconnu des plaisanciers, le CESSAN forme pourtant ceux qui assurent leur sécurité en mer

Inconnu de la plupart des plaisanciers, le Centre d'entraînement à la survie et au sauvetage de l'aéronautique navale (CESSAN) joue pourtant un rôle discret mais déterminant dans la chaîne de secours en mer. Ce centre d'entraînement a célébré ses trente ans d'implantation à Lanvéoc-Poulmic (Finistère) le vendredi 20 juin 2025. Il forme les marins de la Marine nationale, les pilotes, les mécaniciens de bord, ainsi que les sauveteurs que l'on retrouve parfois à bord des hélicoptères de secours.

Installé à la pointe de la Bretagne, le CESSAN est un maillon essentiel de la préparation opérationnelle du personnel navigant. À l'occasion de cet anniversaire, retour sur les missions, les équipements et les enjeux d'un centre unique en France.

À l'occasion du trentième anniversaire, les anciens commandants du centre se sont réunis autour du capitaine de corvette Frédéric Prieur.  ©G. TANGUY/ Marine Nationale
À l'occasion du trentième anniversaire, les anciens commandants du centre se sont réunis autour du capitaine de corvette Frédéric Prieur. © G. TANGUY/Marine Nationale

CESSAN : comprendre les enjeux de la survie en mer à travers 30 ans de formation à Lanvéoc

Depuis 1995, le CESSAN poursuit une mission singulière mais cruciale : préparer les équipages aux situations d'urgence en mer.

Le site dispose d'infrastructures modernes : bassin de 1 500 m³, deux cabines immergeables adaptées à des cockpits d'avion de chasse ou d'hélicoptère, simulateurs de météo (nuit, vent, pluie, orages) et systèmes de ventilation jusqu'à 150 km/h.

La survie en mer, une compétence transversale et vitale

En mer, l'accident ne laisse que peu de marge d'erreur. Pour les équipages aériens appelés à survoler les zones littorales ou océaniques, un amerrissage d'urgence ou une éjection ne laisse que quelques secondes pour réagir. La probabilité de survie dépend alors directement de l'entraînement préalable.

C'est pour répondre à cette exigence opérationnelle que la Marine nationale a décidé de créer un centre spécialisé. Le CESSAN est né de cette nécessité : apprendre aux personnels navigants à gérer un scénario de crash en mer et à maximiser leurs chances de survie, de jour comme de nuit, dans toutes les conditions météo.

Photo : Ministère des Armées
© Marine nationale

Le CESSAN forme chaque année plus de 1 200 stagiaires – marins, pilotes d'hélicoptères, mécaniciens de bord, mais aussi membres d'équipages étrangers – à la maîtrise des gestes d'urgence.

Le parcours de formation, initial puis périodique, est pensé pour développer des automatismes face à des situations souvent désorientantes, où la gestion du stress conditionne les chances de survie.

Simulateurs de nuit, treuillage et cabines submergées

La reconstitution de conditions réalistes constitue l'un des piliers de l'enseignement dispensé au CESSAN. Le bassin intérieur de 1 500 mètres cubes est équipé de simulateurs d'intempéries, de cabines d'avion et d'hélicoptère, et de dispositifs reproduisant les effets d'un crash ou d'une éjection en mer.

Le fameux exercice de la gloutte, redouté par les élèves, consiste à sortir d'un cockpit immergé à six mètres de profondeur, dans l'obscurité et sans repères visuels : larguer une verrière, désactiver un casque, s'extraire d'un harnais, se défaire d'un parachute dans l'eau. Les stagiaires s'entraînent également au treuillage de jour comme de nuit, ainsi qu'à l'organisation de leur propre survie en mer dans l'attente des secours.

J.REDOUANE©ECPAD
© J.REDOUANE/ECPAD

Le taux d'ajournement, compris entre 5 et 8 %, témoigne de l'exigence de la formation, mais aussi de sa rigueur. Les retours d'expérience d'accidents réels nourrissent en permanence les programmes pédagogiques.

Un commandement tourné vers l'avenir et l'adaptation des infrastructures

Depuis août 2022, le capitaine de corvette Frédéric Prieur dirige le CESSAN avec une double mission : maintenir le socle de compétences fondamentales tout en préparant la rénovation du bassin. Son parcours opérationnel, de l'ATL2 au Hawkeye sur le porte-avions Charles de Gaulle, jusqu'aux opérations spéciales, illustre la transversalité des compétences nécessaires.

© Marine nationale
© Marine nationale

Chiffres-clés du CESSAN

  • + 30 000 stagiaires formés depuis 1995

  • 1 200 navigants entraînés chaque année

  • 1 500 m³ : volume du bassin d'entraînement

  • 2 cabines d'aéronefs submersibles (hélicoptère et avion)

  • 3 à 5 jours : durée des stages initiaux et de réentraînement

  • 5 à 8 % : taux d'ajournement

  • 50 stages organisés chaque année

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